Salut, langue française, douce et fière,

Qui n’admets dans tes mots que droiture et lumière,

Toi qui berçais Ronsard, du Belley, tes amis

L’hommage à ta beauté vient de tous les pays,

L’univers te chérit comme la plus humaine,

On te vante, orgueilleux, comme on vante une reine.

Ton génie est loyal et tout harmonieux :

On admire ses lois, ses traits, sous tous les cieux

Tu ne confines pas au sol qui te vit naître

Les bienfaits du savoir et de l’art de tes maîtres.

Fille d’un peuple bon, tu pris tous les chemins

Pour offrir ta richesse à des frères lointains

Langue chère aux savants, aux rêveurs, aux mystiques,

Tu créas pour le Beau des formes magnifiques.

Partout, tu seras la Foi, tu répands ses rayons;

Tu sèmes l’idéal au sein des nations.

C’est toi la belle langue, à toi qui cours le monde.

Mère aux nobles amours; toujours jeune et féconde,

Tu peux l’enluminer des plus riches couleurs,

Tu sais rire et chanter, tu sais prendre les coeurs,

Passer d’un mot léger au mot grave et discrète

Équilibrer ta grâce en des lignes parfaites.

Ton charme est d’être douce et de fuir le heurté,

De n’avoir rien de froid, de lourd dans ta beauté.

Tu sais te tempérer même aux heures fougueuses;

Tu n’accordes d’éclat qu’aux âmes généreuses.

Langue qui peut tout dire et qui souffle tout bas,

De fins sous-entendus en tes tours délicats,

Aux plus purs sentiments tu prêtes des nuances;

Tu donnes à l’esprit de fines transparences,

L’exigeante Raison te trouve sans détours,

Limpide comme l’eau, franche comme le jour,

Tu veux qu’avec respect et constance on te serve.

À tes seuls amoureux ta beauté se réserve.

Il faut avec orgueil protéger ton cristal,

T’aimer comme Roland aimait

Sa Durantal.

Salut

        à la Langue

                          française

Salut à la Langue française

UN POÈME D’ALBERT FERLAND DÉDIÉ À LA SBPF EN 1950

Salut

HOMMAGE À SA MAJESTÉ

LA LANGUE FRANÇAISE